Au sortir de l’école ou en contrat d’alternance, il est très peu probable pour des candidats novices en QHSE, d’avoir déjà eu à mettre en place un système de management de la Santé & Sécurité au Travail pour une organisation. A l’aube d’une ère où les questions liées aux conditions de travail des salariés sont reconsidérées, les organisations sont tenues de tout mettre en œuvre pour protéger la santé et préserver la sécurité de leurs employés. Cette ambition collective et citoyenne des entreprises sur l’impact de leurs activités sur les collaborateurs s’entend aussi bien pour l’impact de leurs activités sur l’écosystème qui les constitue (environnement, parties prenantes, etc…).
Les exigences en matière de prévention des risques professionnels et industriels viennent de toute part, si bien qu’à l’heure actuelle, ces exigences longtemps réservées aux grandes entreprises, concernent maintenant aussi bien les PME que les TPE. Ce qui augmentent le nombre de sollicitations à la déclinaison, au suivi et à la gestion de ces systèmes de management.
Cependant, la gestion ou la mise en œuvre d’un système de management est lié à de nombreux processus et actions à déployer, ce qui peut vite devenir un casse-tête lorsqu’on ne dispose pas de la bonne méthode et des outils appropriés. On peut être tenté de tout débuter en même temps ou se perdre dans le déploiement au point de ne plus trop savoir quoi faire.
« …C’est un gros challenge,voyons ! Rajoutes-y une touche d’audace et tu finiras par arriver… » C’est exactement l’un des commentaires que j’avais reçu lorsque je démarrai il y’a de cela quelques années ma 1ere année d’alternance en HSE dans une entreprise de production de viennoiserie de la place. Cette entreprise, à la base familiale, qui avait tissée et batie quelques pousses dans plus d’une dizaines de régions de la France, venait de se faire racheter par un grand groupe industriel où la sécurité était la priorité et dans laquelle il fallait déployer une politique de gestion de la santé & de la sécurité en partant de zéro et j’avais en charge de porter ce projet qui, vraisemblablement me paraissait lourd et difficile avant de s’averer demeurer avec le temps l’une de mes plus belles expériences professionnelles. Car à travers celle ci j’avais acquis les bases et les incontournables pour décliner efficacement un système de management de la Santé & sécurité au travail.
« Avec de l’audace, on peut tout entreprendre, on ne peut pas tout faire » Napoléon Bonaparte
Je confirme cette citation de Napoléon Bonaparte, car au début de cette mission, audacieuse, je l’étais pour démarrer avec ferveur cette mission challengente mais néanmoins il me manquait la méthode, celle que je vais vous partager aujourd’hui, et qui vous permettra d’avoir une ligne directrice claire pour débuter sereinement vos missions.
Il s’agira donc au travers de cet article, d’aborder les 1er pas d’un QHSE au sein d’une entreprise pour mettre en œuvre un système de management. Nous vous dresserons une liste des fondamentaux et des éléments à prendre en compte pour commencer à décliner votre système de gestion de la SSE.
Comment j’aurai aimé tomber sur un article de ce type à mes débuts, une expérience riche qui me permet de partager avec vous les secrets qui m’ont permis de réaliser des succès.
Mise en situation
J’avais un atout considérable en débutant ma carrière professionnelle dans cette entreprise, le jargon des process industriels pour avoir obtenu auparavant mon diplôme d’ingénieure en génie des procédés industriels, formation au cours de laquelle j’avais pu acquérir de solides notions techniques sur le monde des procédés industriels de la phase conception au développement en passant par l’optimisation de ceux-ci. Je m’étais également acclimatée avec les bases des systèmes de management ainsi que du volet environnemental en passant la gestion des déchets et du traitement de l’eau. Tout cet univers me parlait, à la seule différence que nous passions cette fois ci à l’échelle industrielle et c’était assez impressionnant de voir des lignes de production entière s’enchainant avec chacune son rôle pour aboutir en fin de process à la production de gamme de produits (crus, précuits ou cuits) pour terminer par être emballé et empaqueté à l’aide d’un robot industriel, une boulangerie
grande échelle , j’en étais fascinée. Cette technologie mis en œuvre pour augmenter la fréquence de production ne pouvait se mettre en œuvre sans intervention humaine. De la logistique, à l’emballage, de la maintenance au nettoyage des infrastructures, tout opération constituait une intervention à risque à laquelle il fallait allier méthodologie et consignes d’intervention à la formation et à la mise en œuvre de mesures de prévention adéquates. Tout restait donc à bâtir tant sur le plan de l’organisation, sur les modes de fonctionnement sur la définition des consignes et sur le plan humain.
Je me rappelle qu’après l’euphorie de la découverte grandeur nature des équipements qui s’articulaient harmonieusement comme un ballet de danse, en me retranchant dans mon bureau, j’ouvrais mon ordinateur pour essayer de décliner une stratégie de déclinaison et je ne savais pas par quel bout m’y prendre. Je n’avais aucun référentiel sur lequel m’appuyer pour décliner ma stratégie et la société ne disposait pas non plus d’une norme interne.
C’est donc à mes dépends, au fil du temps après avoir essuyé quelques succès sommés de quelques échecs que j’avais pu enfin aboutir à l’élaboration d’un recueil de principaux axes de travail à mener au sein d’une organisation, que nous ayons ou pas de référentiel.
Déclinaison d’une démarche de prévention, par où commencer ?
La prise de la température
Il s’agit dans un 1er temps de mesurer l’environnement dans lequel nous évoluerons dorénavant en analysant sommairement la culture de l’entreprise, c’est-à-dire :Le contexte (lancement, Pourquoi ? quel a été l’élément déclencheur ? Une Continuité ?). Un bref état de la démarche ; La vision de la direction ; les objectifs visés ; les raisons pour lesquelles l’entreprise se lancent etc…, Le niveau d’implication de la direction, de la ligne managériale et des collaborateurs… ainsi que les pratiques courantes en matière de SSE. Certains éléments peuvent d’ores et d’ailleurs déjà être abordé lors de l’entretien d’embauche pour savoir où l’on met les pieds, c’est d’ailleurs ce que je recommande fortement.
L’évaluation sommaire de la culture d’entreprise à travers les points énumérés nous donne des indices sur la charge de travail et sur l’approche stratégique à mettre en œuvre.
Pour ma part, j’avais été briefé dès l’entretien, la culture SSE était inexistante car ce sujet
n’était pas au cœur des préoccupations jusqu’au rachat de l’entité. Cet entité acquisitrice, très à cheval sur la sécurité à donner une impulsion forte au déploiement de la sécurité, celle-ci faisait partie de l’un des critères de sélection à l’embauche du nouveau directeur, sa sensibilité à la sécurité et elle avait dédié un budget pour former la ligne managériale aux pratiques de gestion de la sécurité de leur secteur respectif mais aussi des formations à plus grande échelle en fonction du plan de formation obtenu à l’issue de l’analyse des risques pour l’ensemble des collaborateurs mais surtout pour apporter les améliorations nécessaires à la déclinaison du système. Un engagement et une vraie volonté d’apporter du changement et de disposer les collaborateurs en termes de temps et de moyens à l’atteinte de ces objectifs. Le 1er point était donc rempli.
L’orientation pour la déclinaison : Le volet stratégique
Comme stipulé précédemment, au fil des mois de déclinaison où se sont succédés réussites et flops, le travail abattu par la coopération entre l’équipe en place et les correspondants sécurité des autres entités nationales a permi de s’appuyer sur une stratégie de déploiement qui se déclinait sous 7 axes, nous l’avions appelé le top 7. Des axes de travail qui constituaient la base de notre système de management et qui étaient adaptés à notre environnement de travail en partant d’un découpage alliant des actions d’ordre organisationnel, des actions de communication, de formation / sensibilisation et d’accompagnement à la mise en œuvre de la démarche.
Top 7 :
-Création d’un comité de sécurité composé de la direction, des managers et du QHSE pour définir, décider et valider des actions à mettre en œuvre et d’y réaliser son suivi complété par la mise en place de réunion hebdomadaire et/ou mensuelle entre les managers et leurs équipes.
-La déclinaison d’une matrice de responsabilité afin de définir les rôles et les responsabilités de chacun sur le projet à mettre en œuvre.
-Le management des incidents du travail et l’organisation des secours
-La déclinaison du programme de prévention et le Plan d’actions
-L’analyse et l’évaluation des risques (priorité sur les consignations des énergies des lignes de production)
-La déclinaison des audits sécurité terrain.
Ce top 7 constituait le tableau de bord de notre programme de prévention dont l’évolution était suivie en comité SSE mensuellement.
C’est sur la base de cette première expérience et de celles qui ont suivi que s’est affiné l’orientation à prendre pour une première déclinaison des systèmes de management en entreprise. Nous identifierons donc deux axes pour commencer à élaborer notre plan de gestion des risques : l’axe stratégique pour définir la vision de la direction et l’y donner une orientation et le volet opérationnel qui permettront de positionner les bases de notre programme pour son déploiement.
Ce plan de gestion des risques se déclinent comme suit :
Pour conclure sur ce premier volet, il est important de preciser qu’il existe autant d’outils et de méthodes pour reussir à décliner une politique interne de prevention des risques professionnels. Cependant, ces méthodes diffèrent les unes des autres par la stratégie de déclinaison adoptée pour avoir rapidement des résultats en peu de temps. La mienne a porté ses fruits plus d’une fois. Je vous livrerai le détail de cette stratégie dans un futur proche.
La suite au prochain numéro…
Auteur: Carine Ballay-Megot, Consultante HSE, IPRP ( Intervenante en Prévention des Risques Professionnels).
Diplomée en Management de la Sécurité et des risques industriels, Carine a une expérience de près d’une dizaine d’années dans le domaine de la prevention des risques professionnels et dans le déploiement des systèmes de management et de certification SSE (MASE / ISO…).